Schizophrénie : voir le monde sans ambiguïté
29 septembre 2022
Une étude de l’EPFL et de Synapsy montre que la schizophrénie n’impacte pas la capacité d’assemblage et d’interprétation des images par le cerveau, mais uniquement la rapidité d’exécution des tâches de reconnaissances visuelles complexes.
La schizophrénie est une maladie hétérogène fortement influencée par des facteurs génétiques et environnementaux. Pour mieux comprendre cette maladie mentale complexe et la différentier d’autre maladie, notamment la dépression qui affecte parfois des fonctions cérébrales similaires, des neuroscientifiques de l’EPFL et de Synapsy ont étudié le traitement des tâches visuelles chez des patient-es avec une schizophrénie, leurs leurs frères ou soeurs, des patient-es souffrant de dépression et un groupe contrôle. Les aptitudes à retrouver une forme cachée dans une image complexe se sont avérées comparables entre les quatre groupes de personnes, hormis le temps d’exécution des personnes avec une schizophrénie. Les résultats, à lire dans la revue Schizophrenia Research: Cognition, démontrent que lorsqu’on leur laisse le temps, les personnes avec une schizophrénie ont une excellente capacité d’assemblage et d’interprétation des images. Le constat est important pour les efforts de déstigmatisation et pour la compréhension de ce trouble.
Contact
Ophélie Favrod
Docteure en neuroscience
Faculté des Sciences de la vie
BMI, Laboratoire de psychophysique
EPFL
ophelie.favrod@alumni.epfl.ch
+41 21 693 18 12
Michael Herzog
Professeur ordinaire
Faculté des Sciences de la vie
BMI, Laboratoire de psychophysique
EPFL
michael.herzog@epfl.ch
+41 21 693 9646
DOI
10.1016/j.scog.2021.100227
Une étude de l’EPFL et de Synapsy montre que la schizophrénie n’impacte pas la capacité d’assemblage et d’interprétation des images par le cerveau, mais uniquement la rapidité d’exécution des tâches de reconnaissances visuelles complexes.
La schizophrénie est une maladie hétérogène fortement influencée par des facteurs génétiques et environnementaux. Pour mieux comprendre cette maladie mentale complexe et la différentier d’autre maladie, notamment la dépression qui affecte parfois des fonctions cérébrales similaires, des neuroscientifiques de l’EPFL et de Synapsy ont étudié le traitement des tâches visuelles chez des patient-es avec une schizophrénie, leurs leurs frères ou soeurs, des patient-es souffrant de dépression et un groupe contrôle. Les aptitudes à retrouver une forme cachée dans une image complexe se sont avérées comparables entre les quatre groupes de personnes, hormis le temps d’exécution des personnes avec une schizophrénie. Les résultats, à lire dans la revue Schizophrenia Research: Cognition, démontrent que lorsqu’on leur laisse le temps, les personnes avec une schizophrénie ont une excellente capacité d’assemblage et d’interprétation des images. Le constat est important pour les efforts de déstigmatisation et pour la compréhension de ce trouble.
La schizophrénie est un trouble mental grave dont est atteinte environ une personne sur 300 dans le monde, selon l’OMS. Ces personnes ont généralement une perception perturbée de la réalité et des hallucinations. Elles font également face à un isolement social et relationnel. C’est un trouble encore largement incompris en raison de la grande hétérogénéité des symptômes et des causes, influencés tant par des facteurs génétiques qu’environnementaux. De plus, les différents troubles mentaux peuvent être très proches et difficiles à différentier. Par exemple, si l’autisme est souvent considéré comme l’opposé de la schizophrénie, la dépression présente un chevauchement génétique important avec cette dernière.
« Pour faire face à cette complexité, il est crucial de comprendre quelles fonctions cérébrales sont anormales et quelles fonctions sont intactes. De plus, nous devons être capables de dissocier les différents troubles mentaux », indique Ophélie Favrod, première auteure de l’étude et chercheuse en neuroscience à l’EPFL dans le laboratoire de psychophysique du Professeur Herzog. Dans le cadre de cette étude, la chercheuse et ses collègues de Belgique et de Géorgie se sont focalisés sur la façon dont l’esprit des personnes avec une schizophrénie assemble et interprète les éléments visuels pour donner du sens au monde qui les entoure.
Mêmes capacités d’interprétation visuelle
Pour avancer sur cette question, les chercheurs et chercheuses de l’EPFL, ont proposé à des personnes schizophrènes, à leurs frères et soeurs, à des personnes souffrant de dépression et à un groupe contrôle, d’effectuer le test Leuven Embedded Figures Test (L-EFT). « Une forme est camouflée dans une image selon divers degrés de difficulté et le test consiste simplement à la retrouver sans contrainte de temps », précise Ophélie Favrod.
L’identification des images dissimulées s’est avérée comparable entre les quatre groupes de personnes, grâce à une analyse de Bayes – une approche statistique tenant compte des a priori des chercheurs avant l’expérience. « Ici, notre postulat de départ, basé sur la littérature scientifique, était que les personnes avec une schizophrénie avaient des difficultés visuelles » , précise la chercheuse. Par contre, ces personnes se sont montrées plus lentes à effectuer cette tâche de reconnaissance. Le groupe des frères et sœurs, devant logiquement être porteur des mêmes traits génétiques, a réalisé des performances similaires au groupe témoins. Cela indique que les processus cognitifs impliqués dans ce test visuel ne sont probablement pas un endophénotype de la schizophrénie et que les personnes avec une schizophrénie n’ont pas de déficit à proprement parler pour identifier une cible visuelle.
Des résultats informatifs
Cette étude qui visait l’évaluation des capacités visuelles est donc rendue caduque par les bonnes performances du groupe de frère et sœurs. Mais, « l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence », philosophent les auteurs et autrices de l’étude. Car, ce résultat négatif met le doigt sur une réalité : si on leur laisse le temps, les personnes avec une schizophrénie n’ont pas de difficulté à discriminer des formes. « Ils n’ont pas plus de déficits que les autres dans ces tâches, ils sont juste plus lents. C’est important de le savoir, pour eux comme pour l’image que nous avons de cette maladie », complète Ophélie Favrod.
Les personnes schizophrènes ne voient probablement pas s’écouler le temps de la même manière que les autres, comme cela a été montré dans d’autres d’études. Le laboratoire de psychophysique du Professeur Herzog va poursuivre ses efforts de recherche, «en stratifiant plus intensément les cohortes en fonctions des différents symptômes. Avec la multitude de variants génétiques et la grande hétérogénéité de ce trouble, il est compliqué d’avoir la bonne profondeur statistique », commente la chercheuse.
Contact
Ophélie Favrod
Docteure en neuroscience
Faculté des Sciences de la vie
BMI, Laboratoire de psychophysique
EPFL
ophelie.favrod@alumni.epfl.ch
+41 21 693 18 12
Michael Herzog
Professeur ordinaire
Faculté des Sciences de la vie
BMI, Laboratoire de psychophysique
EPFL
michael.herzog@epfl.ch
+41 21 693 9646
DOI
10.1016/j.scog.2021.100227