NCCR-Synapsy

The Synaptic Bases of Mental Diseases

Faire le bon choix: difficile après un stress

Une recherche menée par des chercheurs-euses membres du Pôle de recherche national sur les maladies mentales, Synapsy, explique pourquoi, même motivés par la perspective d’une récompense, nous prenons de moins bonnes décisions après avoir subi un stress.

Chez tous les êtres vivants, être en mesure d’évaluer les coûts et les bénéfices d’une action ou d’un comportement est fondamental pour la survie. Le stress, lui, est connu pour affecter la capacité à prendre la bonne décision.

Dans une étude parue dans la revue Neuron, l’équipe de Manuel Mameli au Département des neurosciences fondamentales (DNF) de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’UNIL, en collaboration avec Claudia Bagni, directrice du DNF et chercheuse Synapsy, révèle quels mécanismes neuronaux, liés à l’habenula latérale, poussent à faire de mauvais choix après un stress. L’habenula latérale est une petite structure située au centre du cerveau. Elle exerce un rôle important dans le traitement des informations et des stimuli négatifs, une sorte de «centre de la déception».

Contact

Manuel Mameli
Professeur associé

Département des Neurosciences Fondamentales

Faculté de Biologie et de Médecine

Université de Lausanne

T : +41 (0)21 692 51 95
Manuel.Mameli@unil.ch

DOI

https://doi.org/10.1016
/j.neuron.2021.01.008

Une recherche menée par des chercheurs-euses membres du Pôle de recherche national sur les maladies mentales, Synapsy, explique pourquoi, même motivés par la perspective d’une récompense, nous prenons de moins bonnes décisions après avoir subi un stress.

Chez tous les êtres vivants, être en mesure d’évaluer les coûts et les bénéfices d’une action ou d’un comportement est fondamental pour la survie. Le stress, lui, est connu pour affecter la capacité à prendre la bonne décision.

Dans une étude parue dans la revue Neuron, l’équipe de Manuel Mameli au Département des neurosciences fondamentales (DNF) de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’UNIL, en collaboration avec Claudia Bagni, directrice du DNF et chercheuse Synapsy, révèle quels mécanismes neuronaux, liés à l’habenula latérale, poussent à faire de mauvais choix après un stress. L’habenula latérale est une petite structure située au centre du cerveau. Elle exerce un rôle important dans le traitement des informations et des stimuli négatifs, une sorte de «centre de la déception».

Les souris stressées font chou blanc

Dans une expérience menée avec des rongeurs sains, les chercheurs-euses ont laissé le choix aux animaux d’emprunter deux couloirs d’un labyrinthe. Au bout du premier, une récompense sous forme de nourriture et, au bout du second, l’absence de récompense. Toutes les souris ont d’abord participé à une session pour s’habituer à la tâche et se familiariser avec l’environnement.

Le lendemain, la moitié d’entre elles a reçu, de manière imprévisible, de petits chocs électriques au niveau des pattes. Une semaine plus tard, au moment de réitérer l’exercice, Alvaro Nuno-Perez, doctorant au DNF de l’UNIL et premier auteur de l’étude, a inversé le dispositif et déposé la récompense dans l’autre couloir. Résultat, les rongeurs à qui le chercheur avait imposé un stress, en comparaison avec leurs congénères laissés au calme, se trompaient deux fois plus souvent de chemin et rentraient bredouilles, le ventre vide.

Implication du «centre de la déception»

L’équipe a découvert, au niveau de l’habenula latérale des souris stressées, un affaiblissement de l’activité des synapses ­– zones de contact entre neurones, dédiées à la communication entre ceux-ci. Plus spécifiquement, elle a constaté que les récepteurs AMPA, situés à la surface des synapses, étaient moins performants. «En d’autres termes, le stress réduit la force des synapses de l’habenula latérale et certains neurones fonctionnent ainsi moins bien, ce qui augmente les mauvaises prises de décisions et donc, les déceptions. Comme si les neurones ne donnaient plus le signal nécessaire pour que l’animal se dise: «Tu fais le mauvais choix, la nourriture n’est plus là. Change de stratégie», illustre Manuel Mameli.

Lorsque les neuroscientifiques réalisent le même test avec des rongeurs non conditionnés au stress, ils/elles observent des performances très variables. Les souris qui commettent davantage d’erreurs possèdent moins de récepteurs AMPA.

Renforcer les connaissances en neuropsychiatrie

Actuellement, Manuel Mameli et son groupe reproduisent leur expérience dans des conditions pathologiques. Ils souhaitent comprendre si les résultats obtenus avec des individus sains se retrouvent chez des souris souffrant de dépression ou d’addiction.

Ces recherches ouvrent la voie vers une meilleure compréhension de certains troubles neuropsychiatriques. «Que ce soit chez la souris ou chez l’être humain, un stress prolongé peut induire des états dépressifs», explique-t-il. «Or, on sait que les personnes atteintes de cette maladie éprouvent de grandes difficultés à prendre des décisions, elles peinent à identifier quels choix sont bons ou mauvais.» Ainsi, l’étude suggère que l’habenula latérale pourrait représenter une cible pour des interventions thérapeutiques en psychiatrie.

par Mélanie Affentranger (Communication FBM, UNIL)

Illustration: ©Denisismagilov, Dreamstime.com

 

Contact

Manuel Mameli
Professeur associé

Département des Neurosciences Fondamentales

Faculté de Biologie et de Médecine

Université de Lausanne

T : +41 (0)21 692 51 95
Manuel.Mameli@unil.ch

DOI

https://doi.org/10.1016/j.neuron.2021.01.008

Want to share this news ?